Les communistes dans la guerre
La mémoire de la Seconde Guerre mondiale est un aspect majeur du fonds Thorez-Vermeersch.
La clandestinité
Dans les années 30, les communistes avaient été en pointe du mouvement antifasciste. Aussi de nombreux militants furent-ils déboussolés lorsque l’URSS de Staline signa un pacte de non-agression avec l’Allemagne nazie, le 23 août 1939. Quelques jours plus tard, la guerre éclatait : de nombreux militants rejoignirent leur régiment, tel Thorez à Arras.
Le 26 septembre, le Président du Conseil Édouard Daladier signait un décret mettant hors-la-loi le Parti communiste, dont la direction avait approuvé le pacte germano-soviétique ; ‘L’Humanité’ était interdite de parution, et les élus communistes étaient déchus de leurs mandats. Une grande partie des dirigeants s’exila alors en Belgique ; profitant d’une permission, Thorez quitta clandestinement la France et gagna l’URSS.
La ‘drôle de guerre’ prit fin avec la signature de l’armistice par la France, en juin 1940, et le début de l’Occupation. Galvanisés par l’offensive nazie contre l’URSS en 1941, de nombreux militants communistes se réorganisèrent dans la clandestinité, faisant paraître journaux et tracts, et commettant des actes de sabotage contre l’ennemi. En 1943, la tendance communiste était majoritaire au sein du Conseil national de la Résistance, organe de coordination des différents mouvements de la Résistance intérieure française.
La répression
Dès 1940, les communistes étaient visés par la répression nazie et vichyste : des rafles menées à Paris et en province à l’automne 1940 aboutirent à l’internement de milliers de militants, qui rejoignirent ainsi leurs camarades arrêtés suite à l’interdiction du parti, en 1939.
Mais c’est surtout la radicalisation de la lutte des communistes contre l’occupant, à partir de juin 1941, qui devait déclencher un terrible processus de représailles. Suite aux attentats perpétrés contre des militaires allemands, les autorités nazies ordonnèrent l’exécution d’otages choisis arbitrairement parmi les détenus juifs et communistes des prisons françaises.
En octobre 1941, 27 otages communistes du camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure) furent ainsi livrés aux nazis et fusillés en représailles de l’assassinat d’un officier allemand à Nantes. Le plus jeune de ces otages, Guy Môquet, n’avait que 17 ans.
La clandestinité et la répression violente subie par les communistes durant la Seconde Guerre mondiale ont profondément marqué la mémoire collective des militants. Héros et martyrs, les figures de Jean-Pierre Timbaud, Gabriel Péri et Danielle Casanova incarnent, parmi d’autres, cette mémoire des années sombres.
Les petits sabots furent exécutés par un camarade mort en déportation.
Mécanicien, résistant FTPF, Abel Vacher fut arrêté et incarcéré au fort de Romainville. Il fut exécuté au Mont-Valérien le 2 octobre 1943.
Jean-Pierre Timbaud
Né en Dordogne de parents limousins, Jean-Pierre Timbaud fit son apprentissage de fondeur à Decazeville (Aveyron), aux côtés de son père, pendant la Première Guerre mondiale. Revenu à Paris, il travailla dans plusieurs fonderies de la ville et paracheva sa formation de mouleur en bronze. Timbaud adhéra aux Jeunesses communistes en 1922 et devint militant syndical : il fut secrétaire de la Fédération des Métaux CGTU (1931-1934) puis CGT (1936-1939) de la Région parisienne.
Chargé de la constitution de comités syndicaux clandestins sous l’occupation, il fut arrêté le 18 octobre 1940 et fut fusillé le 22 octobre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure), avec 26 autres détenus.
‘Vive le Parti communiste allemand !’ - les derniers mots criés par Jean-Pierre Timbaud avant de tomber en firent une grande figure de la Résistance communiste française. A Paris, son nom fut donné à la rue d’Angoulême, où se trouve la Maison des métallos, dont il fut l’un des secrétaires.
Gabriel Péri
Né à Toulon en 1902, Gabriel Péri fit ses études à Marseille. Il adhéra dès 1917 aux Jeunesses socialistes, puis au Parti socialiste en 1919. Dès le congrès fondateur de Tours (1920), il adhéra au Parti communiste, comme la plupart des militants des Bouches-du-Rhône.
En 1922, Péri devint secrétaire national des Jeunesses communistes. Journaliste brillant, il dirigea la rubrique ‘politique étrangère’ de ‘L’Humanité’. Il devint en 1929 membre du comité central du parti. Élu député d’Argenteuil (Seine-et-Oise) en 1932, il fut un antifasciste véhément, un défenseur de la paix et de la sécurité collective, jouissant d’un prestige qui dépassait les limites de son parti.
Sous l’Occupation, Gabriel Péri resta caché en région parisienne, signant des articles pour ‘L’Humanité’ clandestine. Dénoncé par son agent de liaison, Péri fut arrêté en mai 1941 et fusillé le 15 décembre suivant, au Mont-Valérien. Héros national, son nom fut donné à de nombreuses rues à travers la France.
La déportation politique
Plus de 80 000 personnes furent déportées de France par mesure de répression. Parmi ces déportés dits « politiques », de très nombreux militants communistes, mais aussi des étrangers arrêtés en France, des Républicains espagnols notamment.
Internés au fort de Romainville (Seine) et au camp de Compiègne-Royallieu (Oise), nombre de ces prisonniers politiques furent déportés vers les camps de concentration nazis, parmi lesquels Buchenwald, Ravensbrück et Auschwitz. Un triangle d’étoffe rouge, marqué de la lettre ‘F’ pour ‘France’, identifiait dans ces camps les déportés politiques français.
À l’image de Danielle Casanova, jeune dirigeante communiste, beaucoup n’en revinrent pas.
Née à Igé (Ome) en 1918, cette jeune militante communiste fut arrêtée et internée au fort de Romainville. Déportée à Auschwitz, elle y mourut en juin 1943.
Danielle Casanova
Née en 1909 en Corse, Danielle - de son vrai nom Vincentella Périni - arriva en 1927 à Paris, pour y poursuivre des études dentaires. Elle y adhéra bientôt à l’Union fédérale des étudiants et aux Jeunesses communistes.
Dans les cercles d’étudiants corses, elle rencontra Laurent Casanova, étudiant en droit, qu’elle entraîna au Parti communiste. Ils se marièrent en 1933.
Ayant obtenu son diplôme en 1932, elle travaillait pour son compte 3 jours par semaine, puis exerçait à la clinique de la coopérative ouvrière ‘La Bellevilloise’ et au dispensaire de Villejuif. Elle fut secrétaire générale fondatrice de l’Union des jeunes filles de France, qu’elle avait elle-même fondée en 1936.
Entrée en clandestinité en 1939, elle dirigea la mise en place de comités féminins en zone occupée. Arrêtée en février 1942, elle fut détenue à la prison de la Santé, puis au fort de Romainville, avant d’être déportée à Auschwitz en janvier 1943. Elle y mourut du typhus le 10 mai suivant.
La libération
Le débarquement des Alliés sur la côte normande, en juin 1944, fit naître l’espoir d’une libération proche. Le 10 août, les Alliés remontaient la vallée de la Seine en direction de Paris.
Les communistes occupaient alors des postes-clés de la Résistance. En Ile-de-France, les Forces françaises de l’Intérieur, qui regroupaient des combattants communistes et non-communistes, étaient commandées par le colonel Rol-Tanguy, membre du PCF, ancien volontaire en Espagne républicaine. Le 18 août, Rol-Tanguy ordonnait une mobilisation générale des Parisiens ; l’insurrection commençait dans la capitale. Rol-Tanguy prit la tête des manœuvres qui, du 20 au 24 août, permirent la libération d’une grande partie de la ville. Au palais du Luxembourg, l’attaque de l’état-major de l’aviation allemande est dirigée par Fabien - celui-là même qui, trois ans plus tôt, abattait un officier allemand au métro Barbès. Le 25, Rol-Tanguy recevait l’appui de la 2ème division blindée du général Leclerc : les forces allemandes se rendirent.
Fin 1944, la France était libérée, grâce à l’action conjuguée des Alliés et des résistants, de toutes tendances.
Le souvenir des camarades tombés
Le PCF sortait de la guerre en vainqueur, auréolé du prestige de ses résistants et de ses nombreux fusillés.
De nombreux monuments, plaques et noms de rues perpétuent aujourd’hui encore le souvenir de ces militants tombés sous le joug nazi.
Ce dépliant présente les portraits des communistes fusillés du quartier, ainsi que les plaques commémoratives correspondantes posées dans l'arrondissement.