Fonds Thorez- Vermeersch
Archives municipales d'Ivry-sur-Seine

Ayudar Espana

Aider l'Espagne en guerre (1936-1939)

Avril 1931 : la République espagnole est proclamée.
Avril 1931 : la République espagnole est proclamée.

L'Espagne de 1930 est un Etat monarchique rural qui connaît de graves retards de développement.
Le 12 avril 1931, les élections municipales voient la victoire des Républicains. Deux jours plus tard, le roi Alphonse XIII quitte le pouvoir et la République est proclamée. Des élections législatives sont organisées en juin. Le 9 décembre, une constitution démocratique est adoptée.
Ci-contre, timbre de la République espagnole. Il figurait sur une lettre envoyé à sa famille depuis Madrid par le brigadiste Jacob Sandler, en 1937.

Juillet 1936 : début de la guerre civile.
Juillet 1936 : début de la guerre civile.

En février 1936, le « Frente popular » (Front populaire) triomphe aux élections législatives.
La droite monarchiste et les phalangistes appellent à l'insurrection armée, avec le soutien de l'Eglise. Le 18 juillet 1936, la rébellion militaire contre le gouvernement légal éclate. Le général Francisco Franco, le chef des nationalistes, déclare qu'il entrera dans Madrid avant le 12 octobre. La résistance républicaine s'organise.
Ci-contre : « Le départ (juillet 1936) », gravure de Victorio Macho.

La ' non-intervention relachée '.
La ' non-intervention relachée '.

Le 20 juillet 1936, les Républicains espagnols adressent une demande d'assistance au socialiste Léon Blum, chef du gouvernement français. Blum répond d'abord positivement à cette demande, mais il dut faire marche arrière devant l'opposition de la droite, des radicaux, et surtout du Royaume-Uni. Le dirigeant socialiste propose donc finalement un pacte de non-intervention qu'acceptent, début août, la plupart des puissances européennes.
Ce pacte s'avère vite hypocrite : l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste apportent leur aide aux troupes de Franco, qui déclare vouloir prendre Madrid avant le 12 octobre. Aussi Blum opte-t-il finalement pour une politique dite de « non-intervention relâchée », qui maintient l'embargo mais ferme les yeux sur le trafic d'armes qui s'organise autour de la Catalogne.
Ce dessin du caricaturiste communiste Jean Effel oppose Léon Blum à Dolorès Ibarruri, dirigeante communiste espagnole, connue sous le nom de « Passionaria ».

25 aout 1936 : des avions pour l'Espagne !
25 aout 1936 : des avions pour l'Espagne !

En ne participant pas au gouvernement de Front populaire, Maurice Thorez et les communistes se ménageaient la possibilité de critiquer l'action gouvernementale.
Ainsi, dès août 1936, le dirigeant du PCF dénonçait la politique française de non-intervention décidée par Léon Blum. Pour Thorez, l'aide à l'Espagne devait enrayer l'encerclement de la France par des États fascistes.

' Le soldat anti-tank '.
' Le soldat anti-tank '.

Face aux troupes nationalistes de Franco, l'imagerie républicaine a popularisé la figure d'un combattant héroïque, à l'équipement rudimentaire.
En fait, l'aide des puissances étrangères permit l'un comme l'autre camp de bénéficier d'armements neufs.
Cette gravure de Miciano a été offerte à Maurice Thorez par les enfants espagnols accueillis à Ivry pendant la Guerre.

Octobre 1936 : les brigades internationales.
Octobre 1936 : les brigades internationales.

La passivité des démocraties face au coup de force franquiste indignait les antifascistes du monde entier.
Le 18 septembre, la décision de créer des unités internationales de combattants est prise à la direction du mouvement communiste international, à Moscou. Le 1er octobre 1936, tandis que Franco prend le titre de généralissime, arrive à Alicante le premier noyau de volontaires étrangers. Ils sont bientôt regroupés sur la base d'Albacete, ouverte le 13 octobre. Les « Brigades internationales » sont officiellement créées le 22 octobre.
On estime à 35 000 le nombre de volontaires étrangers ayant rejoint les rangs de ces brigades.
Ci-contre, le militant communiste français Marcel Bertone, en tenue de volontaire des Brigades internationales.

8-23 novembre 1936 : la bataille de Madrid.
8-23 novembre 1936 : la bataille de Madrid.

L'engagement des troupes franquistes à Tolède en octobre 1936 laisse aux républicains madrilènes le temps de d'organiser. Lorsque les nationalistes encerclent Madrid en novembre 1936, c'est une lutte acharnée qui débute : les républicains défendent avec ardeur chaque rue.
Les combats se sont vite concentrés autour de la cité universitaire, véritable porte d'entrée de la ville. Les premiers volontaires internationaux arrivés en Espagne prennent part à ces combats de rue.
Ci-contre, le cadeau d'un ancien volontaire à Maurice Thorez : une balle venue se ficher dans un mur près de lui, lors des combats de la cité universitaire de Madrid.

Décembre 1936 : la 14e Brigade est créée.
Décembre 1936 : la 14e Brigade est créée.

L'armée républicaine espagnole comptait 10 brigades ; les 11e, 12e, 13e 14e et 15e brigades étaient quant à elles les brigades internationales, spécifiquement destinées aux étrangers. Chaque brigade était divisée en bataillons, eux-mêmes divisés en compagnies.
Les volontaires étaient regroupées par nationalités de façon à ce que les brigades soient les plus homogènes possibles du point de vue linguistique.
Le bataillon Henri Barbusse, dont voici le drapeau, appartenait à la 14e Brigade, dite « La Marseillaise », créée en décembre 1936. Cette Brigade, essentiellement francophone, regroupait des Français et des Belges, mais aussi des Britanniques et des Espagnols.
Le rouge, le jaune et le violet sont les couleurs de la République espagnole.

Janvier 1937 : une visite aux volontaires.
Janvier 1937 : une visite aux volontaires.

En janvier 1937, une délégation du Comité international d'aide au peuple espagnol, une organisation d'inspiration communiste, a visité les volontaires des Brigades internationales. Dans une brochure publiée à leur retour en France, les délégués décrivent sous un jour euphorique l'arrivée des nouveaux volontaires à la base d'Albacete :
« Ils sont heureux et fiers. Ils chantent L'Internationale. La population forme haie sur le parcours et applaudit. Ils ont traversé une grande partie de l'Espagne ; mais c'est seulement ici qu'ils se sentent miliciens. Ils ont hâte de revêtir l'uniforme des volontaires des volontaires. Ils marchent au pas militaire. Il y a un groupe d'Allemands : on les distingue des autres à leur cadence. Il y a un groupe de Français : ils sont souriants. Il y a des Polonais, des Belges, des Hollandais, des Anglais, des Italiens. Il y a aussi quelques Américains, des Argentins. Ils sont plus de cinq cents.

Sortir les enfants de la guerre.
Sortir les enfants de la guerre.

Des actions sont prises afin de mettre les enfants espagnols à l'abri du conflit.

En Espagne, des foyers financés par les volontaires eux-mêmes sont créés pour accueillir les enfants en arrière de la ligne de front.
Le Parti communiste français organise également l'évacuation d'enfants espagnols vers la France.
Ci-contre, une page extraite du journal écrit, illustré et imprimé par des écoliers français et de jeunes réfugiés espagnols, à l'école Célestin Freinet (Vence).
Le pédagogue Célestin Freinet est à l'origine d'une méthode d'enseignement fondée sur l'expression libre des enfants. Il avait créé son école à Vence, en 1935. Il y accueillit des enfants victimes de la guerre en Espagne. 

Des enfants espagnols à Ivry.
Des enfants espagnols à Ivry.

Des enfants espagnols furent également accueillis à Ivry.
Ils offrirent au député Thorez une suite de gravures, dans laquelle ils signèrent cette dédicace.

Les bombardements.
Les bombardements.

L'Espagne en guerre fut aussi, pour les forces aériennes allemande et italienne, un champ d'expérimentation tragique.
Le 26 avril 1937, les avions de la légion allemande Condor bombardent la ville de Guernica. Ce bombardement, premier raid aérien mené contre une cible civile, eut un grand retentissement dans le monde.

Teruel.
Teruel.

En décembre 1937, les forces républicaines lancent une offensive victorieuse sur la ville de Teruel, dans la province d'Aragon.
Le 22 février suivant, les troupes franquistes reprennent la ville aux Républicains.
Deux jours plus tard, des enfants espagnols, accueillis par l'école Freinet de Vence, rapportaient l'événement dans le journal scolaire.

Automne 1938 : départ des volontaires.
Automne 1938 : départ des volontaires.

Le 21 septembre 1938, devant la Société des Nations, Juan Negrin propose le retrait des brigades internationales.
En octobre 1938, l'Espagne républicaine organise la Despedida, ultime hommage aux volontaires étrangers qui regagnent leur pays : les survivants défilent à Barcelone devant une foule en liesse.
En France, le docteur communiste Pierre Rouquès, qui s'était rendu en Espagne pour y organiser l'aidez sanitaire aux brigades, et le physicien Aimé Cotton fondent la Maison du blessé, pour accueillir les mutilés des brigades.
Ci-contre, lors d'une fête communiste au stade Buffalo de Montrouge (Seine), des militants défilent avec un panneau appelant à donner pour la Maison du blessé.

Le gobelet de Celestino Alfonso.
Le gobelet de Celestino Alfonso.

Ce gobelet fut utilisé par le brigadiste Celestino Alfonso en Espagne.
Celestino Alfonso était né en Espagne en 1916. Émigré en France, il y travailla comme ouvrier menuisier et devint responsable des Jeunesses communistes d'Ivry en 1934. Dès août 1936, Alfonso gagna l'Espagne pour y combattre aux côtés des Républicains.
Fidèle à son engagement, Celestino devait également entrer en résistance sous l'occupation nazie : il appartint au groupe Manouchian et accomplit des actions terroristes contre l'occupant à Paris et dans la région d'Orléans. Il fut arrêté le 17 novembre 1943 et fusillé le 21 février suivant, en même temps que les 22 autres membres du groupe Manouchian dont le nom figurait sur une affiche rouge restée tristement célèbre.

Partager sur