Jalons Biographiques
Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch
28 avril 1900
Une naissance en pays minier
A Noyelles-Godault, Pas-de-Calais, naît Maurice Thorez, enfant naturel de Clémence Baudry, fille de mineur, et d'Henri Breton, fils de l'épicier du bourg. Louis Thorez, lui-même mineur, épouse Clémence et reconnaiît le jeune Maurice, en 1903.
1906
Le drame de Courrières
Le 10 mars 1906, à Méricourt, commune voisine de Noyelles-Godault, une explosion dans la fosse 3 de la concession de Courrières provoque la mort de 1 100 mineurs. Dans son autobiographie Fils du peuple, Maurice Thorez affirme avoir été, à l'âge de six ans, le témoin des manifestations que la catastrophe souleva, ainsi que le leur répression violente.
26 novembre 1910
Une famille nombreuse
A La Madeleine (Nord) naît Juliette Vermeersch, septième enfant d'une famille qui en comptera neuf.
1914
Evacués dans la Creuse
Le 30 septembre, devant l'avancée allemande, le jeune Maurice fuit le Pas-de-Calais avec son grand-père, le syndicaliste guesdiste Clément Baudry. Ils sont évacués vers le village de Clugnat, dans la Creuse, où Maurice travailla comme valet de ferme.
1919-1920
Adhésions
Enthousiasmé par la Révolution russe, Maurice Thorez adhère à la Confédération générale du travail et commence son activité au sein de la section du Parti socialiste de Noyelles-Godault. Il effectue son service national lorsque la scission de son parti au Congrès de Tours, voit naître, l'année suivante, le Parti communiste français.
Cahier de procès-verbaux de la section communiste de Noyelles-Godault, ouvert le 9 avril 1922
Maurice Thorez assura le secrétariat de la section jusqu'au début de l'année 1923. Lors de cette réunion dont Thorez est le secrétaire, les membres de la section de Noyelles déclarent accepter les 21 conditions de la Troisième Internationale.
1926
Une première candidature
Tandis que son ascension au sein des instances locales et nationales du Parti s'accélère, Maurice Thorez est, pour la première fois, candidat à la députation, à l'occasion des élections législatives partielles de décembre.
1929
De la clandestinité à la prison
Condamné dès 1925 pour son action contre la guerre du Maroc, puis à plusieurs reprises en 1926 et 1927, Maurice Thorez est arrêté lors d'un comité central clandestin à Achères, en juin 1929. Il sera détenu pendant onze mois, à la Santé, puis à la prison Charles III de Nancy.
1930
À la tête du parti
Après sa libération, Maurice Thorez devient rapidement, à la faveur de l'Internationale communiste, le secrétaire général du Parti communiste, alors en proie à la baisse de ses effectifs et aux tensions internes. Au XVIème congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, Mauricce et Jeannette se rencontrent pour la première fois.
1932
Ivry
Aux élections législatives de mai, Maurice Thorez prend de justesse la circonscription d'Ivry, dans laquelle il avait déjà été candidat en 1928, sans succès.
1934
Unité
Face aux ligues d'extrême-droite, les antifacistes s'organisent. L'Internationale communiste change de ligne, et le nouveau mot d'ordre pour le PCF est celui de "l'unité à tout prix" avec le Parti socialiste. Le 9 octobre , lors d'un meeting salle Bullier, à Paris, Thorez lance pour la première fois l'idée d'un "Front populaire de la liberté, du travail et de la paix".
1936
Le Front populaire
Quoique devancé par le Parti socialiste, le Parti communiste apparaît comme le grand vainqueur des élections législatives d'avril et mai, et Maurice Thorez, comme un interlocuteur privilégié pour Léon Blum. En refusant de participer lui-même au nouveau gouvernement, Thorez entend préserver son influence retrouvée sur la classe ouvrière, tout en gardant sa liberté d'expression sur les choix gouvernementaux, dénonçant entre autres la non-intervention de la France dans la Guerre civile espagnole.
1937
Fils du peuple
Le 25 octobre 1937, alors que la popularité de Maurice Thorez est au plus haut, paraît la première édition de Fils du peuple, récit autobiographique du secrétaire général, écrit avec l'aide de Jean Fréville. A la fois recueil de souvenirs et guide désigné pour le militant de base. Fils du peuple dénote aussi, à travers ses cinq éditions successives, les orientations du Parti.
1939
En URSS
Le 23 août, la signature du pacte germano-soviétique plonge dans le désarroi les communistes français, pour qui, jusqu'ici, défense de l'URSS et antifascisme était un seul et même combat. Dans l'expectative, les députés communistes votent tout de même les crédits de guerre, et Maurice Thorez, mobilisé, rejoint son unité à Arras le 3 septembre.
Invoquant le pacte germano-soviétique, le président du Conseil, le radical Edouard Daladier, prononce le 26 septembre la dissolution du Parti communiste, avec lequel il était entré en conflit frontal depuis la signature des accords de Munich.
Le 4 octobre, Maurice Thorez quitte clandestinement la France pour l'URSS, où il séjournera jusqu'à la libération.
Thorez prononce un discours d'une fête au stade Buffalo de Montrouge (Seine) à l'occasion du 150ème anniversaire de la Révolution française.
1944
Retour en France
Le 6 novembre 1944, une grâce individuelle soulève la condamnation pour désertion prononcée contre Maurice Thorez en 1939. De retour à Paris le 27 novembre, Thorez s’adresse, quelques jours plus tard, à la foule des sympathisants, rassemblée au Vélodrome d’Hiver. Thorez devait, après cinq ans d’exil, réaffirmer son autorité sur un parti auréolé du prestige de la Résistance.
1945-1947
Au gouvernement
Fort des succès électoraux du parti qu’il dirige, Maurice Thorez obtient un ministère d’État dans le gouvernement provisoire de de Gaulle, où il entre avec quatre autres communistes. Il se voit attribuer l’année suivante la vice-présidence du Conseil, fonction qu’il occupe jusqu’en mai 1947. Son action gouvernementale reste marquée par ses engagements dans la «bataille de la production» pour le redressement national, et par l’élaboration du statut de la fonction publique, qui resta en vigueur jusqu’à la fin des années 70.
1947
Mariage
Démis le 4 mai de ses fonctions ministérielles pour avoir soutenu les grèves des usines Renault, Maurice Thorez épouse quelques mois plus tard, le 17 septembre, celle qui lui avait donné trois fils : Jeannette Vermeersch.
28 avril 1950
Le 50ème anniversaire
Le culte de la personnalité culmine avec les célébrations du 50ème anniversaire de Maurice Thorez, quelques mois après le 70ème anniversaire de Staline : dans chaque cellule, chaque section, chaque fédération, des collectes sont organisées pour offrir, au dirigeant du parti, cadeaux, livres et messages, exposés à l’hôtel de ville d’Ivry.
1950-1953
Convalescence en URSS
C’est dans l’exercice d’une pleine autorité sur le Parti que Maurice Thorez est frappé, le 10 octobre 1950, par une attaque d’hémiplégie. Physiquement éprouvé, le Secrétaire général part le 12 novembre pour l’Union soviétique, pour y recevoir des soins. Il y demeurera trois ans, régulièrement informé des affaires internes du Parti dont la direction par intérim est assurée par Jacques Duclos.
1953
Bazainville
Après trois ans passés en URSS, et dans le mois suivant le décès de Staline, Maurice Thorez regagne la France et s’installe au «Loup ravissant», propriété acquise par le Parti communiste à Bazainville, en Seine-et-Oise. Lectures, promenades dans le parc et arbitrage de parties de volley constituent, à Bazainville, le quotidien de Maurice Thorez qui, de retour à la direction du parti, répond par la continuité idéologique aux incertitudes suscitées par la succession de Staline.
1956
Déstalinisation
Maurice Thorez conduit personnellement la délégation française au XXème Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique. Au cours de ce congrès, Khrouchtchev expose son rapport dénonçant les "démérites" de Staline. Les conclusions de ce rapport affectent intimement Thorez, "le meilleur disciple de Staline en France". De retour en France, Thorez dirige les débats internes du parti. Contrairement au leader communiste italien Palmiro Togliatti, il rejette finalement les conclusions de Khrouchtchev et s’emploie à freiner la déstalinisation.
1960 - 1964
Succession
En 1960 paraît la 3ème édition de Fils du peuple, ultime édition publiée du vivant de Thorez. L’été venu, le déplacement au XXIIème Congrès du Parti communiste de l’Union soviétique est l’occasion d’une tournée dans les démocraties populaires. Le début des années soixante voit Maurice Thorez se rapprocher des positions de Khrouchtchev : en mai 1964, la nomination de Waldeck Rochet au poste de secrétaire général consacre ce rapprochement – Maurice Thorez prend alors le titre de Président.
12 juillet 1964
Décès en Mer Noire
Le 12 juillet, une attaque cérébrale terrasse Maurice Thorez en Mer Noire, à bord du navire Litva qui l’emmenait passer ses vacances, comme chaque année, en URSS. Pour celui qui fut son chef pendant plus de trente ans, le Parti communiste français organise, le 16 juillet, des funérailles grandioses au Père-Lachaise, à Paris.
1968
Démission
Jeannette Vermeersch, qui régulièrement avait été en désaccord avec la nouvelle direction du parti emmenée par Waldeck Rochet, démissionne du Bureau politique après que ce dernier a manifesté sa désapprobation à l’égard de l’intervention du Pacte de Varsovie à Prague.
1964 - 1970
Hommages
Peu après la disparition de Thorez, un quai de Moscou est rebaptisé de son nom. En octobre 1964, à l’initiative de Jeannette Vermeersch, le PCF crée l’Institut Maurice Thorez, pour «perpétuer l’œuvre théorique et pratique du président du Parti communiste français». À partir de 1966 commencent à paraître les Cahiers de l’Institut Maurice Thorez. À l’occasion du 50ème anniversaire du Parti communiste français, en 1970, une stèle à la mémoire de Thorez est inaugurée dans le hall de la mairie d’Ivry, en présence de Georges Marchais. Cette inauguration est le dernier moment fort de célébration de la mémoire de l’ancien dirigeant.
1979
Changement de nom
L'Institut Maurice-Thorez change de nom et devient l'Institut de Recherches Marxistes.
5 novembre 2001
Callian
Jeannette Vermeersch décède à Callian, dans le Var. Dans cette maison que son époux et elle avaient désirée ensemble, Jeannette Vermeersch avait fixé sa résidence principale et s’était efforcée de préserver la mémoire de Thorez.
2002
Donation
Les descendants de Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch réalisent deux donations, au profit des Archives communales d’Ivry d’une part, et des Archives nationales d’autre part.